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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 12:37

I

 

Quand au soir, le ciel rose,

Lentement se nécrose ;

Que ses veines implosent,

En un bleu équimose ;

 

Qu'au dehors la pluie tombe –

Mon cœur entame une psychose,

Mettant en scène une hécatombe ;

Pur produit de sa névrose :

 

Il s’imagine encerclé de tombes,

Au milieu de mille mondes,

Cercueils immobiles et immondes,

Qui le font battre en trombe ;

 

II

 

Drapé dans le linge sale,

D’une sagesse banale,

Morbide et livide linceul,

Qui le laisse ici seul,

 

Le poète devient avide,

De connaissances stupides,

Et se met à l’étude,

De la profonde Solitude ;

 

Il en oublierait presque,

Toute sa sollicitude,

Qui jadis, ou presque,

Faisait son attitude :

 

Où sont passés ses certitudes,

Ses espoirs et ses causes ?

Où est passée sa béatitude,

En tout état de cause ?

 

Il n’est plus qu’un désert aride,

Une âme vieillie, pleine de rides,

Sur laquelle plus rien ne pousse,

Acariâtre, résigné que plus rien ne pousse !

 

Où sont, chez ce maldisant,

La Rage et l’Amour,

Qu’épousent soit disant,

A jamais, et pour toujours,

 

Les cœurs des amants enlacés ?!

Apparemment divorcés ;

Lassés d’avoir à se forcer,

Ils en ont eu assez ;

 

Ecœurés d’avoir à se mentir,

Pour pouvoir vivre en paix ;

Apeurés d’avoir à se repentir,

Pour pouvoir mourir en paix,

 

III

 

En de tels instants de Dégoût,

Mon âme se fait l’écho

Du mal-être qui me secoue ;

Et transforme mon égo

 

En un caniveau sombre

– Plus sombre encore

Que le monde des Ombres –

Où coulent les corps

 

De mes désirs gisants ;

Morts, flottant en surnombre,

Sur ce fluide énergisant,

Ce Styx qu’encombre,

 

La carcasse de rats morts,

Le moindre de mes remords.

Mon âme n’est plus si rose,

Elle pue ! et se décompose !

 

Dans ses immenses filets,

Cet égout voit défiler,

Le flot salin de mes larmes

Sur les tréfonds de mon âme :

 

Elles cherchent à rincer,

Ce qui a été sali,

Frottant jusqu’à la faire grincer,

La surface impolie,

 

Ecumant mes torts,

Comme du petit lait.

Ecoutant mes morts,

Jusqu’aux plus laids !

 

(2010)

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