A bibi, nono, pom pom et flo.
En un éclair furtif,
Une griffe d'or vif,
Ecorche la chair nuageuse,
De la grande ténébreuse.
Comme une déclaration de guerre fracassante,
Une goutte de sang, où se mêle le fer,
Coule dans la torpeur enivrante,
Du céleste cimetière.
Un saule-pleureur lumineux,
Entame sa sombre descente,
Dans l'enfer bourbeux,
De la nuit tombante.
L'odeur de la poudre,
Les pétards qui fusent,
Parodiant la foudre,
Pour les yeux qui s'amusent
De ce spectacle incongru,
Ce spectacle de rue,
Où tout le monde se rue,
Guettant l'ivresse des grands crus.
L'air chaud se fait secousse,
Un flot d'éjaculations phosphorescent,
Où des arbres de lumière poussent,
Et se meurent en un instant.
Une pluie lumineuse,
S'abat sur la terre,
Lucioles monstrueuses,
Fausse-couche stellaire,
Ayant toute la splendeur,
De l'étoile filante,
Ainsi que la gracile lenteur,
D'une plume hésitante.
Métaphore filée, incessante,
De nos désirs indécents,
Qui font s'envoler nôtre âme filante,
Avant que de l'immoler au firmament.
Implosion de nos rêves polymorphes;
Voici que leurs incandescentes viscéres,
Viennent joncher la terre amorphe,
De notre enfance, de ses hiers.
Grouillante, ondulante, sifflante,
Pareille à un nid de vipères,
La foule visqueuse s'enchante,
De ce ballet de lumières;
Les badauds sont en transe,
Et de ce spectacle ahurissant,
Le poète cynique note l'essence,
Dans son carnet grandissant.
Parabole existentielle,
Où tout se résume,
Ecrite dans le ciel,
A l'encre de notre amertume,
C'est accompagnés de nos femmes
Et de nos fils,
De nos plus grands drames,
Et de leurs sévices,
Qu'ensemble, à l'unisson,
Aux pieds de l'immensité céleste,
Nous nous réunissons,
Afin d'assister au spectacle infeste,
Qu'est l'improbable extinction,
D'une race d'êtres explosifs,
Fauchés en pleine ascencion,
Ecorchés, égorgés vifs!
Hommes! C'est nôtre propre histoire,
Qui défilent ici sous nos yeux,
Avec pour toile de fond le manteau noir,
Que revêtent en ce soir les cieux!
S'élever! Faire du bruit!
Eclater au grand jour!
Goinfrer l'Ennui,
De nos ambitions d'un jour!
Briller!
Resplendir!
Illuminer!
Eblouir!
Puis retomber lâchement,
Comme un vil désir,
En larmes d'or et d'argent:
S'en retourner à la Terre pour y mourir,
Au terrible grand plaisir,
De milliers d'inconnus,
Témoins dont le seul loisir,
Est d'observer la Mort nue,
Venue se dévêtir,
Pour mieux nous séduire;
Venue nous divertir,
Pour mieux nous détruire.
S'en retourner à la Terre pour y nourrir,
Le souvenir et la mémoire,
De ceux qui sont notre tombe et notre avenir:
Tous ces vivants, vivant dans le Noir,
Pendant ce temps nos vies se consument,
A mesure que l'on consomme;
Nôtre existence est un feu d'artifices:
Sa seule magie tient à l'amour du factice...
(2010)